Je précise que ce sujet est 100 % historique et non pas uchronique ou fantaisiste.
Je passerai volontairement sur les combats vichystes ayant eu lieu suites aux errances et aux balbutiements diplomatiques de "l'État français" fin 1940.
Parlons plutôt du camp qui a finalement emporté la "légitimité" au final, à savoir la France Libre (je sais, c'était pas gagné au départ... je passe sur le mythe du résistancialisme et tous les débats annexes à cette question : c'est pas le sujet qui nous occupe ici).
La France Libre donc, déclare la guerre au Japon impérial le surlendemain de Pearl Harbor, en 1941 (le 9 décembre exactement).
Dès 1943, il y a des parachutages de commandos français et britanniques (la Force 136 si je ne m'abuse) dans les montagnes du nord de l'Indochine. Des actions de guérilla auraient donc été menées conjointement, même si cela est peu connu.
Pour ce qui est des affrontements de grande ampleur entre Français et Japonais, ces derniers débuteront... seulement après la restauration de la légitimité républicaine en métropole.
Le 9 mars 1945, les Japonais organisent un coup de force contre l'armée française en garnison (ex-troupes de Vichy dont la présence est pourtant autorisée par le Japon, et ce depuis des années). L'armée française, maintenant "théoriquement" rattachée à la République en guerre, est en effet soupçonnée d'attendre un renfort de troupes US avant de prendre effectivement les armes contre l'occupant japonais.
C'est assez violent comme coup. D'ex-officiels vichystes sont même [i][b]décapités au sabre[/b][/i] après leur refus de signer la capitulation ainsi qu'un désarmement immédiat face aux troupes japonaises.
C'est un vrai massacre, et les résistances semblent anecdotiques.
Toutefois, au Tonkin, le général Georges Sabattier, méfiant, a transféré peu avant le coup de force son poste de commandement hors d'Hanoï, tout en mettant en garde son subordonné le général Marcel Alessandri. Les deux généraux dirigent une résistance d'environ 6000 hommes.
Les généraux Sabattier et Alessandri se dirigent avec leurs troupes vers le pays Thaï (nord du Laos).
Sabattier rencontre, dans la cuvette de Dien Bien Phu, François de Langlade, représentant du général De Gaulle.
Langlade confie à Sabattier tous les pouvoirs civils et militaires au nom du GPRF, et ce dernier choisit de déléguer son commandement militaire à Alessandri, pour se concentrer sur les tâches politiques.
[img]http://img219.imageshack.us/img219/3894/nordvietnam.png[/img]
[b]Grande région :
http://www.kuoni.fr/jpm/maps/gvietnam31_f.jpg [/b]
Mais les Japonais, décidés à nettoyer le pays de toute présence française, passent bientôt à l'attaque. Un repli vers le Yunnan (Chine) est entamé. Sabattier lui-même, ayant installé son P.C. au Laos dans la Province de Phongsaly, tient ses positions durant trois semaines avant de passer en Chine.
La « Colonne Alessandri » résiste durant environ deux mois avant de se replier : comptant environ 5700 hommes, dont 3200 vietnamiens, elle est exfiltrée sur le territoire de la République de Chine, dans le but de revenir ensuite en Indochine.
Voila qui mériterait une mission sur le modèle de "Franchissement à risque", avec des Français menant à la fois combat contre les Japonais, et retraitant vers la frontière chinoise.
C'est vers ce moment que les viet-minh indépendantistes (troupes non-présentes dans HS2 Fusion) commencent à harceler les Japonais (après avoir auparavant déjà harcelé les restants des troupes françaises victimes du coup de force japonais !).
Du côté Allié, la Force 136 présente dans les montagnes du nord reçoit le renfort de nouveaux commandos français et britanniques. Ils sont rejoints par les soldats français ayant fui le coup de force de mars, et mènent des actions de guérilla anti-japonaise (entre autres) durant plusieurs mois.
[img]http://secretdefense.blogs.liberation.fr/photos/uncategorized/2009/01/14/sassi2.jpg[/img]
[i]Radios français de la Force 136.
Pour l'anecdote, le Colonel Sassi est le 3ème débout à partir de la gauche :
http://maquisardsdefrance.jeun.fr/t5177 ... onel-sassi[/i]
La Force 136 mériterait à elle seule une map solo (GB+FR vs Japon).
A noter toutefois pour l'anecdote que les Britanniques apportent également leur soutien aux Viêt Minh, et leurs fournissent des armes (sous réserve, à vérifier). Sans commentaires...
[youtube]ry8OXiWxpOg[/youtube]
[size=150][align=center][u][b]Épilogue et transition vers Vietnam Project[/b][/u][/align][/size]
L'annonce de la capitulation du Japon par Hirohito prend au dépourvu le gouvernement français. La contre-attaque française ne pourra en effet pas avoir lieu, et les renforts mis sur pied n'arriveront pas à temps pour combattre.
Le 15 août, de Gaulle écarte Sabattier et nomme Thierry d'Argenlieu haut-commissaire pour l'Indochine, avec pour mission de « rétablir la souveraineté française sur l'Union indochinoise ».
Ca ne va pas être une mince affaire : les Japonais se sont rendus aux Viet-minh !
En laissant aux Viêt Minh la maîtrise du nord de l'Indochine, les Japonais contribuent délibérément à créer une situation impossible pour la France. Des « comités populaires » indépendantistes prennent le contrôle de nombreux villages. Au sud du pays, les communistes disposent de moins d'hommes et doivent composer avec les autres partis nationalistes.
Après une période de chaos et une autre de tractations laborieuses, les troupes françaises ne reprennent que progressivement le contrôle du pays. Entre-temps, les Alliés britanniques et chinois (nationalistes) ne se sont pas gênés pour entrer les premiers en Indochine afin de désarmer effectivement les Japonais (Grande-Bretagne dans le sud, Chine nationaliste dans le nord). En bref, un beau bordel.
Explication : l'état-major Allié (US) en Asie avait décidé en 1942 de séparer l'Indochine en deux zones géographiques de combat, étant entendu que le Nord serait occupé par les Chinois nationalistes de Tchang Kaï-Chek et le Sud par les Britanniques. Cette séparation, approuvée ensuite par l'URSS, fut entérinée par les accords de Potsdam...
La France, pour réinvestir son propre territoire, doit négocier laborieusement pour obtenir le départ des troupes d'occupation chinoises, qui menacent d'annexer le Tonkin. Tchang Kaï-chek, en contrepartie du départ de ses troupes au début 1946, obtient par un accord franco-chinois le renoncement de la France à ses concessions territoriales et commerciales en Chine. Les troupes commandées par Jacques Massu pénètrent dans Hanoï en mars 1946.
Ce même mois, les accords Hô-Sainteny reconnaissent le Viêt Nam indépendant, au sein de l'Union française (sorte de Commonwealth français) ; mais ils sont malheureusement rendus caducs dès le mois de juin, par la proclamation de la République de Cochinchine, sur l'instigation de l'amiral d'Argenlieu (qui ne s'entendait pas du tout avec le général Leclerc en charge des négociations).
La France vient de râter l'occasion de régler politiquement les problèmes agitant l'Indochine. A partir de là commence une autre histoire, constituant le prélude à la guerre d'Indochine. Une guerre qu'il conviendrait plutôt de mapper avec le futur Sudden-like "Vietnam Project".
[i]Synthèse générale rédigée avec l'aide partielle de Wikipédia[/i]